La mise en place d’un nouveau régime irakien post-Saddam semblait être un projet plausible. Une importante diaspora irakienne avait formé un Congrès national. Les prix du pétrole en 2003 s’étaient effondrés à des niveaux historiquement bas, promettant un afflux de nouveaux revenus pour reconstruire un Irak post-Saddam une fois que les marchés pétroliers seraient revenus à des niveaux plus normaux.
Pour envahir l’Irak, le président George W. Bush a demandé et obtenu une autorisation du Congrès pour utiliser la force. Il a demandé et obtenu des résolutions d’autorisation des Nations Unies. Il a mis sur pied une coalition militaire qui comprenait non seulement le Royaume-Uni mais aussi de nombreux autres alliés, notamment l’Australie, la Pologne et l’Espagne. Les alliés des États-Unis qui s’opposent à la décision de recourir à la force – notamment l’Allemagne et le Canada – s’engagent néanmoins à fournir une aide d’après-guerre à un Irak post-Saddam. Bush a également mobilisé l’opinion publique américaine. Plus de la moitié des Américains ont approuvé la décision dans les mois qui ont précédé la guerre, un chiffre qui est passé aux deux tiers à la veille du conflit, et qui a atteint les trois quarts le lendemain du début des hostilités. Les principaux démocrates du Congrès – y compris les futurs candidats à la présidence John Kerry et Hillary Clinton – ont voté en faveur de l’effort.
Pas un seul de ces éléments n’a suffi à assurer le succès. Mais tout cela était beaucoup plus que ce qui a été fait pour se préparer à un conflit avec l’Iran en 2019.
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Trump n’a aucune autorité légale d’aucune sorte pour mener une guerre contre l’Iran – ni du Congrès, ni de l’ONU. Il n’a pas d’alliés et a en fait imposé des sanctions commerciales à l’Union européenne, au Canada, au Mexique, à la Corée du Sud et à bien d’autres, au-delà de l’escalade du conflit commercial avec la Chine. L’allié le plus capable militairement de l’Amérique, le Royaume-Uni, est paralysé par le processus du Brexit, que Trump a fait tout ce qui était en son pouvoir pour faire avancer.
Les provocations supposées de l’Iran citées par les sources de l’administration comme raison d’une réponse américaine semblent mesquines, même en supposant qu’elles soient véritablement le fait de l’Iran.
L’Iran est un État formidable, foyer d’une grande civilisation. Et si le régime iranien a acquis encore plus d’ennemis régionaux que l’Irak de 2003, ses intérêts convergent aussi, d’une manière que l’Irak n’a jamais eue, avec les intérêts des autres grandes puissances, la Russie surtout.
L’État théocratique de l’Iran inspire à juste titre des protestations et des plaintes à l’intérieur du pays. Mais rien ne prouve que les Iraniens accueilleraient favorablement une action militaire menée par des étrangers contre leurs villes et leurs militaires. Le régime peut mobiliser des manifestations de soutien et de participation quand il le veut. Il règne par la répression, pas par la terreur. Le régime a démontré sa portée mondiale, en parrainant des attaques terroristes en Europe et en Argentine. Des responsables américains ont affirmé que l’Iran avait même planifié une tentative d’assassinat contre l’ambassadeur saoudien à Washington en 2011. Si les États-Unis tentent des frappes aériennes chirurgicales, l’Iran a prouvé qu’il pouvait riposter contre les alliés américains. Et si l’administration Trump a l’intention de procéder à un changement de régime pur et simple, elle n’a manifestement rien planifié de ce qui est nécessaire.
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