La conversion ou la « réversion » des Noirs à l’islam n’est pas nouvelle ; elle a lieu dans la diaspora africaine depuis des temps immémoriaux. Cependant, j’ai approfondi le phénomène pour découvrir pourquoi un nombre croissant de Britanniques noirs, surtout les plus jeunes, embrassent l’islam. Bien que je ne sois pas musulman, j’ai toujours été intéressé par l’islam – trois de mes héros de tous les temps, Muhammad Ali, Malcolm X et le chanteur jamaïcain Prince Buster se sont convertis à l’islam, et j’ai été intrigué par la façon dont l’islam les a tous trois inspirés pour transcender leurs vocations respectives et devenir des icônes.
Ce qui m’a surpris au début de mon étude, c’est que très peu de choses de fond avaient été écrites sur un phénomène religieux qui s’est d’abord révélé au public sous la forme douteuse de Michael de Freitas, un catholique déchu né à Trinidad et basé au Royaume-Uni. Sous le nom de Michael X, puis de Michael Abdul Malik, il était à l’avant-garde de la lutte pour l’égalité des races en Grande-Bretagne dans les années 1960. C’est ce manque criant d’informations qui m’a encouragé à écrire un livre, ce qui a nécessité des recherches minutieuses et d’innombrables entretiens dans les villes et villages où la présence des musulmans noirs est en augmentation.
L’un des premiers problèmes dont j’ai pris conscience est le fait que de nombreux convertis se sentent mal à l’aise avec le terme « musulman noir », car ils se considèrent comme faisant partie d’une communauté mondiale de croyants qui ne reconnaît pas la « race ». Cependant, d’autres sont moins réticents à l’idée d’associer leur noirceur au fait d’être musulman, et croient que l’islam est la « religion naturelle des Noirs » et fournit les moyens d’une pleine « libération spirituelle, mentale et physique » d’un système oppressif conçu pour les assujettir.
Mes recherches révèlent qu’il n’y a pas une raison unique et directe aux conversions, mais une pléthore de motivations théologiques, émotionnelles et culturelles. Pratiquement toutes les personnes interrogées ont suggéré que l’islam avait donné un sens à leur vie et les avait réveillés d’un malaise spirituel. D’autres ont déclaré que leur foi leur avait donné l’inspiration et la force de s’engager dans une société qu’ils considéraient comme corrompue par le matérialisme et le relativisme moral. Et pour ceux dont la vie était auparavant errante, le caractère décisif de l’Islam sur une série de questions religieuses et socioculturelles leur a donné un point de mire et un point d’ancrage. De même, de nombreuses femmes interrogées ont suggéré que l’accent mis par l’Islam sur la modestie les avait libérées du consumérisme effréné lié à la mode qui fait de toutes les femmes des objets et sexualise les filles pré-pubères.
Ce que j’ai également trouvé de réellement intéressant, c’est le fait que la grande majorité des personnes interrogées avaient un lien antérieur avec le christianisme, soit en tant qu’anciens pratiquants, soit en ayant des parents ayant des liens ecclésiastiques solides. Cela diffère des convertis blancs qui ont tendance à ne pas avoir d’expérience religieuse antérieure.
J’ai également constaté que le susmentionné Malcolm X avait influencé beaucoup de gens noirs, en particulier les hommes, à considérer l’Islam. À bien des égards, la vie du frère Malcolm se lit comme un modèle pour la majorité des personnes avec lesquelles j’ai parlé. C’était un enfant brillant qui a été élevé en tant que chrétien, mais qui a été déçu par une société institutionnellement raciste. En conséquence, il est devenu un délinquant qui a ensuite eu des démêlés avec la justice. Alors qu’il était incarcéré, il a embrassé l’islam (sous la forme de la Nation de l’Islam) et cela a changé sa vie , ce qui a fait de lui l’un des porte-parole les plus éloquents, les plus courageux et les plus intransigeants des droits civils et humains des Noirs.
Les musulmans noirs dans ce pays, tout comme aux États-Unis, ont également acquis la réputation de « nettoyer » la vie de ceux qui sont impliqués dans le crime, la drogue et la violence des gangs, et beaucoup de ceux avec qui j’ai parlé ont été les bénéficiaires de ce travail correctif. En conséquence, ces bénéficiaires n’ont jamais hésité à partager leurs croyances avec des personnes d’autres religions ou sans religion, et il est vrai que les convertis noirs sont souvent à l’avant-garde des efforts de prosélytisme. Cela dit, mon livre comprend des contributions de médecins, d’universitaires, d’étudiants, d’artistes, de sportifs et de musiciens noirs musulmans. Ces derniers sont importants car les musulmans utilisent de plus en plus le genre musical du hip-hop pour promouvoir les enseignements islamiques, et il convient de noter que nombre des principaux artistes hip-hop sont musulmans.
Les Noirs musulmans sont conscients que le 11 septembre et le 7 juillet ont placé leur foi sous un microscope, les convertis faisant l’objet d’un examen particulier. Cependant, toutes les personnes interrogées ont montré un engagement à suivre « le droit chemin » et ont estimé que certaines sections des médias en faisaient trop sur la soi-disant impressionnabilité et/ou la susceptibilité des convertis aux ruses des « prêcheurs de haine ».
Enfin, je dirais que l’islam offre une alternative spirituelle parmi ceux qui se seraient généralement tournés vers le christianisme pour trouver des réponses aux grandes questions de la vie. Mon livre est une tentative d’en savoir plus sur un phénomène qui enrichit le paysage religieux de la Grande-Bretagne, et devrait, je l’espère, être un catalyseur pour une plus grande discussion et étude.
Les musulmans noirs en Grande-Bretagne : Pourquoi un nombre croissant de jeunes Noirs se convertissent-ils à l’islam ? est publié par Lion Hudson
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