Les records, comme le dit le cliché sportif, sont là pour être battus, mais si le temps record olympique de Simone Manuel en finale du 100 m nage libre féminin finira par être dépassé, elle a réalisé une première que personne ne pourra lui enlever.
En touchant la maison à la fin d’une course remarquable, Manuel est devenue la première nageuse noire à remporter une médaille d’or olympique. Elle a dit qu’elle espérait que sa victoire encouragerait une plus grande diversité dans son sport.
« Cette médaille n’est pas seulement pour moi, c’est pour certains des Afro-Américains qui m’ont précédée et ont été des inspirations », a-t-elle dit.
« J’espère que je peux être une inspiration pour les autres. Cette médaille est pour les personnes qui viennent derrière moi et qui se lancent dans ce sport. »
Voici pourquoi la victoire de Simone Manuel est si importante.
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Les Afro-Américains ont été exclus des piscines pendant des générations
Les piscines ont été un point sensible racial aux États-Unis pendant des générations. Les Afro-Américains se voyaient souvent refuser l’accès aux piscines à l’époque de la ségrégation, et même après son abolition, les Blancs ont trouvé d’autres moyens de les exclure. La construction de piscines pour les zones noires n’a pas non plus été une priorité.
Jeff Wiltse, dans son livre Contested Waters : A Social History of Swimming Pools in America, soutient que les anxiétés des Blancs concernant le contact avec les Noirs ont alimenté ce manque historique d’intégration dans les piscines américaines.
Les parents qui ne savent pas nager sont souvent peu susceptibles d’enseigner à leurs enfants, et l’héritage aujourd’hui est qu’un nombre disproportionné d’enfants afro-américains ne savent pas nager – USA Swimming avance le chiffre de 70%.
Les cours de natation ne sont toujours pas obligatoires aux États-Unis, ce que USA Swimming veut changer. Malgré tout, des valeurs aberrantes peuvent émerger.
La mère de Cullen Jones, par exemple, l’a inscrit à des cours de natation après qu’il ait failli se noyer dans un parc d’attractions à l’âge de cinq ans. À huit ans, il nageait en compétition. Aux Jeux olympiques de 2008, il a remporté l’or au sein de l’équipe américaine de relais 4×100m nage libre.
Pourquoi les Noirs américains ne nagent-ils pas ?
Il a fallu beaucoup de temps pour en arriver là
Les Noirs vainqueurs dans les épreuves de natation restent rares. La Néerlandaise Enith Brigitha est devenue la première nageuse noire à remporter une médaille, se classant troisième au 100 m nage libre aux Jeux olympiques de Montréal en 1976, derrière deux concurrents dont on a découvert plus tard qu’ils avaient eu recours au dopage, selon l’International Swimming Hall of Fame (ISHOF).
La percée suivante a eu lieu aux Jeux olympiques de Séoul en 1988, lorsque Anthony Nesty, du Suriname, est devenu le premier nageur masculin d’origine africaine à remporter l’or.
Un petit nombre de nageurs noirs ont représenté les États-Unis : Anthony Ervin a été le premier, à Sydney en 2000, tandis que quatre ans plus tard, à Athènes, Maritza Correia est devenue la première femme médaillée. Lia Neal a également remporté des médailles.
Manuel a cité Jones, Neal et Correia comme des pionniers dans ses commentaires après sa victoire.
La natation a toujours un problème de diversité
Pourquoi n’y a-t-il pas eu de nageuse noire championne jusqu’à présent ? Un certain nombre de facteurs sont en jeu.
Particulièrement dans les pays en développement, l’accès aux installations de haut niveau ou même de base reste difficile.
Le manque de participation au niveau de l’élite alimente un manque de participation à la base. Sans modèles comme Manuel, il peut y avoir une impression chez les nageurs en herbe que « ce n’est pas pour moi ».
Et puis il y a la question épineuse de la nature contre l’éducation chez les athlètes.
Le stéréotype grossier, selon lequel les Noirs sont moins flottants que les Blancs, a été déboulonné, mais il n’en reste pas moins que certains sports sont considérés comme la chasse gardée de certaines races.
Ces perceptions sont profondément ancrées dans la culture, mais des pionniers comme Manuel peuvent contribuer à les faire évoluer.
‘Je veux gagner comme tout le monde’
En toute autre circonstance, le bavardage d’après-course porterait sur l’événement lui-même, un ex aequo dramatique. Manuel a partagé sa médaille d’or, et un record olympique, avec son adversaire de 16 ans, la Canadienne Penny Oleksiak.
Parlant après coup, Manuel s’est réjoui d’un temps où l’accent serait mis sur le sport et non sur sa course.
« J’aimerais qu’il y ait un jour où nous serons plus nombreuses et où ce ne sera pas « Simone, la nageuse noire », a-t-elle déclaré,
« Le titre de ‘nageuse noire’ donne l’impression que je ne suis pas censée pouvoir gagner une médaille d’or ou que je ne suis pas censée pouvoir battre des records et ce n’est pas vrai parce que je travaille aussi dur que n’importe qui d’autre. Je veux gagner comme tout le monde. »
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