Discussion

Les dépôts calciques aigus de la main sont une affection inflammatoire souvent négligée en raison du manque de familiarité des cliniciens3. Bien que Sandstrom rapporte que l’incidence de la calcification dans la main n’est que de 2,4 %, d’autres études suggèrent que cette affection pourrait être plus fréquente que ce que l’on pensait auparavant.3,22,23,28 La calcification de la main est le plus souvent observée à l’insertion du tendon du flexor carpi ulnaris chez les femmes d’âge moyen ou péri-ménopausées.3,15,28,29. Les articulations des doigts sont moins souvent concernées, l’articulation métacarpophalangienne (MCP) étant l’articulation de la main la plus fréquemment touchée.15,16 Les quelques cas qui existent dans la population pédiatrique décrivent une tendinite calcifiante aiguë impliquant les tissus mous de la paume, les tendons du fléchisseur sur l’articulation MCP, le tendon du flexor pollicis longus au poignet et le tendon de l’extensor pollicis longus sur l’articulation interphalangienne.2,11,14,18 A notre connaissance, il s’agit du premier cas de tendinite calcifiante aiguë impliquant les tendons fléchisseurs sur l’articulation PIP chez un enfant.

La tendinite calcifiante suit une évolution soit aiguë, soit chronique. La tendinite calcifiante aiguë est une affection autolimitée qui disparaît généralement en 3 à 4 semaines.10,25 Elle est associée à l’apparition rapide d’une sensibilité localisée, d’un érythème, d’un gonflement et d’une diminution de l’amplitude de mouvement secondaire à la douleur.20 Parfois, le patient peut présenter de la fièvre ou un malaise pendant la poussée aiguë.24 En comparaison, les patients atteints de tendinite calcifiante chronique peuvent présenter une douleur intermittente et une raideur articulaire dues à une tendinopathie chronique, ou ils peuvent être complètement asymptomatiques.8,17,21 On n’a pas trouvé de corrélation entre les symptômes associés à la tendinite calcifiante et la taille de la calcification.5

Le diagnostic de la tendinite calcifiante aiguë repose principalement sur des études d’imagerie. Les radiographies simples sont souvent suffisantes pour le diagnostic et le suivi de la résolution comme cela a été illustré dans ce cas. L’échographie à haute résolution peut être utile pour mieux définir la localisation et la taille des dépôts de calcium.17 L’imagerie par résonance magnétique est souvent inutile mais peut détecter une inflammation et un œdème dans les tissus mous environnants.4,17 Les valeurs de laboratoire ne sont pas essentielles pour le diagnostic mais peuvent aider à différencier les étiologies. La numération des globules blancs et les marqueurs inflammatoires (vitesse de sédimentation, protéine C-réactive) peuvent être élevés dans les présentations aiguës mais sont généralement normaux.10,19,28 D’autres valeurs, y compris le calcium phosphore, le glucose, la phosphatase alcaline, l’urée et l’acide urique sériques, sont également généralement normales.10,19,29

Bien que la tendinite calcifiante aiguë soit largement considérée comme idiopathique, plusieurs théories existent pour sa pathogénie. Des études sur la tendinite calcifiante de l’épaule suggèrent qu’il s’agit d’une affection dégénérative.9,12,13 Le stress répété des tissus conduit à une hypovascularisation des tissus, qui entraîne à son tour le développement de tissus nécrotiques dans lesquels le calcium peut se déposer. D’autres théories incluent la métaplasie cartilagineuse,27 des troubles métaboliques sous-jacents,13 ou une surutilisation/activité répétitive conduisant au développement d’une inflammation.26 Des rapports concernant des enfants suggèrent que la tendinite calcifiante aiguë se produit dans des sites de stress répété,2,14 mais il n’est pas clair si la surutilisation de l’articulation est la cause principale du dépôt de calcium. Le patient dans ce cas a présenté une douleur dans sa main gauche dominante, et bien qu’un événement traumatique incitatif n’ait pas été identifié, la surutilisation de sa main pourrait avoir causé un stress tissulaire local, le prédisposant ainsi au dépôt de calcium dans son doigt.

Le dépôt de calcium dans la main et le poignet a un taux élevé d’erreurs de diagnostic, non seulement parce qu’il partage une symptomatologie similaire avec des conditions plus couramment rencontrées, mais aussi en raison du manque de familiarité avec le processus de la maladie par les cliniciens.7,19,20 Le diagnostic différentiel est large et comprend l’infection, la fracture, les conditions métaboliques (hyperparathyroïdie, goutte, pseudogoutte, hypervitaminose D, hypercalcémie), les conditions dégénératives ou inflammatoires et les conditions auto-immunes.4,7,20,23 Les preuves radiographiques du dépôt de calcium, l’atteinte articulaire monoarticulaire et la présentation clinique peuvent aider à différencier la tendinite calcifiante aiguë des autres étiologies.7 Par exemple, les dépôts de calcium associés à la pseudogoutte ont tendance à être plus linéaires et moins arrondis ou ovales que ceux de la tendinite calcifiante aiguë.22 La sensibilisation du clinicien à la tendinite calcifiante aiguë peut contribuer à réduire les erreurs de diagnostic et à éviter un bilan approfondi et un traitement invasif, comme illustré dans ce cas.20

Le traitement de la tendinite calcifiante aiguë est conservateur et comprend généralement des anti-inflammatoires non stéroïdiens et une immobilisation par attelle.6,23 Les bains d’eau chaude et les injections de lidocaïne peuvent contribuer à la gestion de la douleur.3,19 Chez les patients dont l’état ne s’améliore pas avec les mesures conservatrices, une aspiration à l’aiguille suivie d’une injection de stéroïdes peut aider à disperser les dépôts de calcium, à diminuer l’inflammation locale et à encourager la résorption du calcium.10 Le soulagement complet de la douleur survient généralement au bout de 6 jours environ, mais le soulagement temporaire des symptômes avec les stéroïdes peut survenir en quelques heures.3 En raison de la nature autolimitée de la tendinite calcifiante aiguë, la chirurgie est rarement indiquée et est réservée aux nodules sensibles persistants qui ne répondent pas à une gestion médicale plus conservatrice.3,20