Les somnifères fonctionnent-ils ? C’est la grande question du jour, car de nombreuses personnes continuent de recourir aux somnifères pour gérer leur insomnie, malgré les inquiétudes croissantes quant aux risques qu’ils présentent. Voyons donc de plus près comment fonctionnent les somnifères et quelle est leur efficacité.
D’abord, comment fonctionnent les somnifères ?
Il existe un messager chimique très commun dans le cerveau, dont le rôle est de se fixer sur les neurones pour réduire leur activité. Il s’agit du GABA. Neurotransmetteur inhibiteur de référence, il ralentit la transmission nerveuse et empêche l’hyperactivité neuronale (c’est-à-dire l’anxiété). Il favorise ainsi le calme et la détente.
En tant que neurotransmetteur, le GABA est libéré par un neurone et se fixe sur les récepteurs GABA d’un autre neurone. En se fixant, il déclenche l’ouverture du « canal chlorure » au milieu du récepteur. Les ions chlorure, naturellement présents dans le liquide extracellulaire, vont alors emprunter ce canal et pénétrer à l’intérieur du neurone. Chargés négativement, ces ions modifient la charge électrique du neurone. Ainsi polarisé, il devient moins « excitable » car moins sensible à d’autres stimulations. Son activité ralentit : il est inhibé.
Les somnifères appelés benzodiazépines ont la capacité de se lier également aux récepteurs GABA (sur un site de réception très proche de celui du neurotransmetteur GABA).
Ce faisant, elles amplifient l’action du neurotransmetteur GABA : en augmentant la fréquence d’ouverture du canal chlorure, elles permettent à davantage d’ions chlorure de pénétrer à l’intérieur du neurone. L’activité neuronale est ainsi diminuée plus fortement !
Plus un individu absorbe de benzodiazépines, plus l’inhibition du système nerveux est forte.
Les somnifères sont-ils efficaces ?
L’efficacité des benzodiazépines est connue pour induire et maintenir le sommeil. Comme elles persistent longtemps dans l’organisme, elles sont également utiles pour lutter contre les réveils nocturnes.
Voici cependant les effets secondaires existants :
- une diminution de la quantité de sommeil profond et de sommeil paradoxal
- des problèmes de somnolence et des vertiges pendant la journée
- un risque accru de dépression et de perte de mémoire
- une dépendance physique accompagnée d’une forte composante psychologique, même avec des doses dites thérapeutiques ou un traitement de courte durée.
- Quelles sont les alternatives ? Quels sont les « nouveaux » somnifères ?
D’autres molécules ont été développées pour tenter de réduire ces effets secondaires. Elles agissent sur le même mode que les benzodiazépines, c’est-à-dire en interagissant avec le récepteur GABA.
Ce sont notamment le zolpidem (Stilnox), efficace contre l’insomnie d’endormissement, ou des molécules appelées « anti-orexines » (Belsomra), qui limitent les réveils nocturnes.
Aujourd’hui, ces molécules sont privilégiées, au point de prendre la tête du marché. Mais la découverte d’effets secondaires n’est qu’une question de temps. Récemment, une étude a également indiqué la persistance du zolpidem dans le sang le matin. Cela entraîne une perte de vigilance, d’autant plus dangereuse qu’ils sortent de nulle part. Les femmes, qui évacuent moins vite les toxines, seraient particulièrement exposées.
La recherche se poursuit pour trouver des somnifères qui donnent une structure naturelle au sommeil, sans effets secondaires et sans risques pour la santé.
Qu’en est-il de la mélatonine ?
Plutôt tendance en ce moment, la mélatonine est une hormone naturellement produite par l’organisme pendant la nuit. Parfois appelée « hormone du sommeil », elle réagit à la lumière (c’est pourquoi il est recommandé d’éviter la lumière bleue autour de l’heure du coucher).
Synthétisée et vendue sous forme de comprimés, elle est aujourd’hui prescrite comme une alternative plus sûre pour les insomniaques. L’avantage est qu’il n’a pas d’effet sédatif comme les somnifères. Mais malheureusement, des doutes subsistent sur son efficacité.
La mélatonine fonctionne-t-elle ?
Si certaines études montrent une nette amélioration de l’endormissement chez leurs volontaires, ce n’est pas le cas pour toutes. En effet, la prise de mélatonine semble plus efficace lorsque sa présence dans l’organisme est au plus bas, soit dans l’après-midi ou en début de soirée. C’est-à-dire à des moments où ce n’est pas encore l’heure de dormir. Quel dommage…
En fait, la mélatonine étant surtout une hormone régulatrice des rythmes biologiques (dont le sommeil), elle serait surtout utile pour les troubles du sommeil causés par de mauvais rythmes biologiques : décalage horaire ou travail de nuit, par exemple. Ou encore, pour la minorité de personnes (souvent âgées) qui n’en produisent pas assez naturellement, ou pas au bon moment.
Sur sa sécurité : elle peut interagir avec d’autres traitements médicaux, comme les anticoagulants. Aujourd’hui encore, on ne sait pas grand-chose sur ses effets à long terme. Il est donc nécessaire de l’utiliser sur une période limitée.
Alors, qu’est-ce qui fonctionne ?
Les somnifères sont-ils efficaces ? Eh bien techniquement oui, les somnifères s’attaquent aux symptômes de l’insomnie, mais pas à ses causes. De plus, leur efficacité ponctuelle a un coût important sous la forme d’une longue liste de risques et d’effets secondaires. Prendre des molécules qui modifient le fonctionnement de nos processus neuronaux est en effet loin d’être anodin. L’insomnie chronique nécessite avant tout un travail en profondeur sur nos habitudes de sommeil. En fait, le traitement de première ligne de l’insomnie recommandé aujourd’hui n’est pas du tout les somnifères. La communauté médicale, y compris l’ACP, reconnaît désormais la thérapie cognitivo-comportementale pour l’insomnie à la place. Cette thérapie courte vise à briser les pensées et les actions derrière l’insomnie par une série d’exercices et à créer une nouvelle routine de sommeil plus saine pour l’avenir.
Il serait négligent de notre part de ne pas mentionner Dreem 2. Une solution de bandeau et d’application qui aide les personnes ayant des difficultés à s’endormir et à rester endormies, à prendre des mesures pour améliorer leur sommeil en faisant équipe avec des données objectives sur le sommeil (grâce aux capacités sophistiquées de suivi du sommeil du bandeau) et un programme adapté d’exercices et de conseils.
Donc, si vous vous demandez « les somnifères fonctionnent-ils ? », il est peut-être temps de reformuler la question et de regarder de plus près des alternatives plus efficaces et plus sûres.
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