Toute personne ayant partagé un foyer avec un chien ou un chat a appris quelque chose sur le langage silencieux des queues. Les animaux sauvages et domestiqués peuvent utiliser la queue pour tout, de la communication à la parade nuptiale, de l’équilibre à la locomotion, et de la défense à l’écrasement des mouches. Les queues peuvent être courtes ou longues et être en fourrure, en plumes ou nues.
Le remuement facile de la queue d’un chien exprime la gentillesse, tandis qu’une queue rentrée montre la soumission. La peur ou l’agressivité se traduit par une queue recourbée vers le bas. Une queue haute et tendue signale le statut d’alpha ; le mieux est de « sortir de là ». D’autre part, un chat dit bonjour en tenant sa queue droite vers le haut. Une queue de peur est gonflée et dressée (pensez au chat d’Halloween). Les chats endormis bougent leur queue lorsqu’ils rêvent. Un chat amical qui se frotte contre votre jambe utilise l’odeur des glandes situées à la base de sa queue pour vous marquer comme sa propriété. La plupart des propriétaires peuvent s’identifier à cette cattitude typique.
Les félidés sauvages (comme le lynx et le lynx roux), et les canidés (comme le renard et le coyote), ont également des glandes odorantes sur la surface supérieure de leur queue. Les mêmes muscles qui permettent à la fourrure de se dresser pressent un composé protéique odoriférant sur la surface de la peau. Les animaux utilisent cette odeur pour communiquer des informations allant de la délimitation d’un territoire à la volonté de s’accoupler. Ces glandes sont la source, par exemple, de l’odeur musquée que les renards roux et gris laissent dans les bois pendant la saison des amours.
De nombreux autres animaux utilisent leur queue pour communiquer d’autres manières. Tout le monde sait qu’il faut courir lorsqu’une mouffette lève la queue pour prévenir d’un jet imminent, et que le sinistre hochet de la queue d’un serpent à sonnettes présage une morsure venimeuse. Les renards et les cerfs de Virginie utilisent leur queue pour signaler un danger ; la queue brune d’un cerf fait clignoter sa partie inférieure blanche en guise d’alerte. Les castors annoncent une menace par un claquement bruyant de la queue à la surface de l’eau – et stockent des réserves de graisse dans leur queue pour l’hiver.
D’autres que la communication sont aussi des fonctions de la queue. Le baguage d’un raton laveur sert de camouflage en brisant le long profil visuel de sa queue. Les longues queues touffues des renards et des écureuils gris permettent à ces créatures actives en hiver de se blottir et de s’envelopper dans une couverture isolante et confortable. Les tamias, en revanche, passent la majeure partie de l’hiver dans un état de torpeur, cachés au fond de leur terrier, à une profondeur de 10 à 30 pieds. Leurs jolies queues de 3 à 5 pouces ne sont pas luxuriantes et ne jouent pas un rôle crucial d’isolation.
Certaines queues servent en quelque sorte de cinquième membre. Les renards utilisent leur queue pour s’équilibrer lorsqu’ils courent et comme contrepoids lorsqu’ils bondissent sur une proie. Les baleines, les loutres et les poissons font onduler leur queue pour se propulser. Les queues préhensiles, comme celles des singes, des opossums et des pangolins (parents écailleux des fourmiliers), permettent aux animaux de saisir les branches et de se suspendre aux arbres. La queue de l’opossum peut être nue et rugueuse pour lui permettre de bien s’agripper.
Sans appendice caudal, les oiseaux emploient les plumes de la queue pour tout, des manœuvres aériennes aux rituels de parade nuptiale élaborés, comme le luxuriant déploiement de la queue de la dinde sauvage. Les plumes extra rigides de la queue des pics agissent comme un étai qui les maintient en position verticale lorsqu’ils sont perchés sur un tronc d’arbre.
Bien que nous, les humains, ayons perdu notre queue, le coccyx – ou « os de la queue » – demeure. Une queue vestigiale à l’extrémité de notre colonne vertébrale, le coccyx est composé de trois à cinq vertèbres fusionnées et nous aide à rester debout lorsque nous sommes assis.
Mais pourquoi la queue de certains animaux sauvages, comme le lynx roux et le lynx, est à peine présente ? Les scientifiques postulent que les lynx ancestraux ont connu une anomalie génétique au cours de l’évolution qui a persisté à travers le temps, même si elle n’avait pas de valeur particulière pour la survie. Ou peut-être que ce prédateur solitaire n’a tout simplement pas besoin d’une longue queue pour une communication nuancée.
Les queues révèlent quelque chose des mondes intérieurs des animaux, et pourtant, une grande partie de leurs flics poilus et de leur sinuosité silencieuse reste enveloppée de mystère.
Michael J. Caduto est un auteur, écologiste et conteur qui vit à Reading, dans le Vermont.
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