23.1.7 : Le gouvernement de Napoléon

Le gouvernement de Napoléon est rapidement devenu un système autoritaire à un seul homme, mais il s’est entouré de collaborateurs et d’experts talentueux et compétents et a soutenu un système de mérite dans l’armée.

Objectif d’apprentissage

Évaluer la structure gouvernementale et le système du mérite de Napoléon

Points clés

  • Le nouveau gouvernement de Napoléon, le Consulat, était composé de trois assemblées parlementaires : le Conseil d’État, qui rédigeait les projets de loi ; le Tribunat qui débattait des projets de loi mais ne pouvait pas voter ; et l’Assemblée législative, qui ne pouvait pas discuter les projets de loi, mais dont les membres votaient sur ceux-ci après avoir examiné le compte rendu des débats du Tribunat. Le Sénat conservateur était un organe gouvernemental égal aux trois assemblées législatives précitées.
  • Le pouvoir exécutif était confié à trois Consuls, mais tout le pouvoir effectif était détenu par le Premier Consul, Bonaparte. En 1802, Napoléon devient le Premier Consul à vie et deux ans plus tard, il est élu Empereur des Français.
  • A mesure que Napoléon accroît son pouvoir, il emprunte de nombreuses techniques de l’Ancien Régime dans sa nouvelle forme de gouvernement unipersonnel. Comme l’ancienne monarchie, il réintroduit les plénipotentiaires, une administration sur-centralisée et strictement utilitaire qui construit ou consolide les fonds nécessaires aux institutions nationales, aux gouvernements locaux, à un système judiciaire, aux organes de finance, aux banques, aux codes, et à une force de travail consciencieuse et bien disciplinée.
  • Napoléon a pu largement étouffer la dissidence au sein du gouvernement en expulsant ses critiques les plus virulents. Cependant, il était également capable de regarder au-delà des divisions partisanes et idéologiques s’il reconnaissait des compétences et des talents exceptionnels qui pouvaient soutenir sa vision de la France. L’exemple le plus illustratif de ce phénomène est sa collaboration avec Charles Maurice de Talleyrand et Joseph Fouché.
  • En renforçant l’appareil d’État, Napoléon crée l’ordre d’élite de la Légion d’honneur – un substitut aux anciennes décorations royalistes et aux ordres de chevalerie, pour encourager les réalisations civiles et militaires), signe le Concordat et rétablit les impôts indirects.
  • D’une importance permanente, le Code Napoléon créé par d’éminents juristes sous la supervision de Napoléon. Loué pour sa clarté gauloise, il se répandit rapidement en Europe et dans le monde, marquant la fin du féodalisme là où il entra en vigueur. Le Code reconnaît les principes de la liberté civile, de l’égalité devant la loi et de la laïcité de l’État.

Termes clés

Le Consulat Gouvernement de la France depuis la chute du Directoire lors du Coup du 18 Brumaire (1799) jusqu’au début de l’Empire napoléonien en 1804. Par extension, le terme désigne également cette période de l’histoire de France. Au cours de cette période, Napoléon Bonaparte, en tant que Premier consul, s’est établi à la tête d’un gouvernement républicain plus libéral, autoritaire, autocratique et centralisé en France, tout en ne se déclarant pas chef de l’État. Code Napoléon Le code civil français établi sous Napoléon Ier en 1804. Il a été rédigé par une commission de quatre éminents juristes. En mettant l’accent sur un droit clairement écrit et accessible, il a constitué une étape majeure dans le remplacement de l’ancien patchwork de lois féodales. L’historien Robert Holtman la considère comme l’un des rares documents à avoir influencé le monde entier. Concordat Convention entre le Saint-Siège (le Vatican) et un État souverain qui définit les relations entre l’Église catholique et l’État dans les domaines qui les concernent tous deux, c’est-à-dire la reconnaissance et les privilèges de l’Église catholique dans un pays donné et les questions séculaires qui ont un impact sur les intérêts de l’Église. Légion d’honneur Le plus haut ordre français pour les mérites militaires et civils, créé en 1802 par Napoléon Bonaparte. Elle a été créée à l’origine pour remplacer les anciennes décorations royalistes et les ordres de chevalerie afin d’encourager les réalisations civiles et militaires.

Le nouveau gouvernement de Napoléon était composé de trois assemblées parlementaires : le Conseil d’État (Council of State), qui rédigeait les projets de loi ; le Tribunat, qui ne pouvait pas voter les projets de loi mais en débattait ; et le Corps législatif (Legislative Assembly), qui ne pouvait pas discuter les projets de loi, mais dont les membres votaient sur ceux-ci après avoir examiné le compte rendu des débats du Tribunat. Le Sénat conservateur était un organe gouvernemental égal aux trois assemblées législatives susmentionnées. Cependant, le Sénat est plutôt un organe exécutif car il vérifie les projets de loi et conseille directement le Premier Consul sur leurs implications. Le suffrage populaire est maintenu mais mutilé par les listes dites de notables. Ce terme désigne les hommes importants et les plus aisés : propriétaires terriens, marchands, savants, professionnels, ecclésiastiques et fonctionnaires. Les habitants de chaque district choisissaient une liste de notables par un vote populaire. Le Premier Consul, le Tribunat et le Corps législatif proposaient chacun un candidat sénateur au reste du Sénat, qui choisissait un candidat parmi les trois.

Le pouvoir exécutif était confié à trois Consuls, mais tout le pouvoir effectif était détenu par le Premier Consul, Bonaparte. Napoléon opposa son veto à l’idée initiale de Sieyès d’avoir un seul Grand Électeur comme exécutif suprême et chef de l’État. Sieyès avait l’intention de se réserver ce poste important, mais en opposant son veto à cette proposition, Napoléon a contribué à renforcer l’autorité des consuls. Cependant, Napoléon n’a jamais eu l’intention de faire partie d’un triumvirat égalitaire. Au fil des années, il s’est déplacé pour consolider son propre pouvoir en tant que Premier Consul, et laisser les deux autres consuls, Jean Jacques Régis de Cambacérès et Charles-François Lebrun, duc de Plaisance, ainsi que les Assemblées, faibles et soumis.

Plus grande centralisation du pouvoir

En 1802, Napoléon devient le Premier Consul à vie et deux ans plus tard, il est élu empereur des Français. Son couronnement a lieu en décembre 1804. Deux couronnes distinctes ont été apportées pour la cérémonie : une couronne de laurier en or rappelant l’Empire romain et une réplique de la couronne de Charlemagne. Napoléon entre dans la cérémonie en portant la couronne de laurier et la garde sur sa tête pendant toute la durée de la cérémonie. Pour le couronnement officiel, il a soulevé la couronne de Charlemagne au-dessus de sa propre tête dans un geste symbolique, mais ne l’a jamais posée dessus car il portait déjà la couronne d’or. Il la place sur la tête de Joséphine. Napoléon est également couronné roi d’Italie avec la couronne de fer de Lombardie à la cathédrale de Milan en 1805. Il crée 18 maréchaux d’Empire parmi ses meilleurs généraux pour s’assurer l’allégeance de l’armée.

Alors que Napoléon accroît son pouvoir, il emprunte de nombreuses techniques de l’Ancien Régime dans sa nouvelle forme de gouvernement unipersonnel. Comme l’ancienne monarchie, il réintroduit les plénipotentiaires, les méthodes administratives et bureaucratiques surcentrées et strictement utilitaires, et une politique de scolastique pédante servile envers les universités de la nation. Il a construit ou consolidé les fonds nécessaires aux institutions nationales, aux gouvernements locaux, à un système judiciaire, aux organes des finances, aux banques, aux codes et aux traditions d’une main-d’œuvre consciencieuse et bien disciplinée.

Napoléon a pu largement étouffer la dissidence au sein du gouvernement en expulsant ses critiques les plus virulents, comme Benjamin Constant et Madame de Staël. Cependant, il était également capable de regarder au-delà des divisions partisanes et idéologiques s’il reconnaissait des compétences et des talents exceptionnels qui pouvaient soutenir sa vision de la France. L’exemple le plus illustratif de cette approche est sa relation avec Charles Maurice de Talleyrand, un évêque, homme politique et diplomate laïcisé dont la carrière s’étend sur les régimes de Louis XVI, les années de la Révolution française, Napoléon, Louis XVIII et Louis-Philippe. Napoléon le trouve extrêmement utile et nomme Talleyrand son diplomate en chef pendant les années où les victoires militaires françaises font passer les États européens les uns après les autres sous l’hégémonie française. La plupart du temps, Talleyrand travaille pour la paix afin de consolider les acquis de la France. Il réussit à obtenir la paix avec l’Autriche par le traité de Lunéville de 1801 et avec la Grande-Bretagne par le traité d’Amiens de 1802. Il ne put empêcher la reprise de la guerre en 1803, mais s’opposa en 1805 aux nouvelles guerres de son empereur contre l’Autriche, la Prusse et la Russie. Il démissionne de son poste de ministre des affaires étrangères en 1807, mais conserve la confiance de Napoléon et complote pour saper les plans de l’empereur par des tractations secrètes avec le tsar Alexandre de Russie et le ministre autrichien Metternich. Talleyrand cherchait à négocier une paix sûre afin de perpétuer les acquis de la révolution française. Napoléon refusa la paix et lorsqu’il tomba en 1814, Talleyrand prit en charge la restauration des Bourbons basée sur le principe de légitimité.

Portrait de Talleyrand, par Pierre-Paul Prud’hon (1809).

Le nom de Talleyrand est devenu un synonyme de diplomatie rusée et cynique. Talleyrand polarise l’opinion des spécialistes. Certains le considèrent comme l’un des diplomates les plus polyvalents, les plus habiles et les plus influents de l’histoire européenne, et d’autres pensent qu’il était un traître, trahissant l’Ancien Régime, la Révolution française, Napoléon et la Restauration.

Les services de politiciens talentueux étaient si importants pour Napoléon qu’il était capable de forcer ses collaborateurs à travailler au-delà de leurs propres différences politiques et de leurs animosités personnelles. On peut dire que la deuxième personne la plus importante de son gouvernement, Joseph Fouché, était l’adversaire de Talleyrand, et pourtant les deux ont servi ensemble sous Napoléon. Fouché veille à tempérer les actions les plus arbitraires de Napoléon, ce qui lui vaut parfois la gratitude même des royalistes. On pense que Fouché a sauvé les Jacobins de la vengeance du Consulat et Bonaparte décide de se débarrasser d’un homme qui a trop de pouvoir pour être désirable comme subordonné. Lors de la proclamation de Bonaparte comme Premier Consul à vie (1802), Fouché est privé de sa charge de ministre de la police. Après la proclamation du Premier Empire français, Fouché est à nouveau à la tête du ministère de la Police reconstitué (1804), puis de l’Intérieur, avec des activités aussi importantes que celles exercées sous le Consulat. Ses agents de police sont omniprésents et la terreur que Napoléon et Fouché inspirent explique en partie l’absence de complots après 1804. Les deux hommes restent méfiants l’un envers l’autre et à la fin du règne de Napoléon, Fouché, voyant la chute de l’empereur imminente, prend des mesures pour l’accélérer et assurer ses propres intérêts.

Portrait de Joseph Fouché par un artiste inconnu. Fouché, autrefois un révolutionnaire utilisant la terreur extrême contre les partisans des Bourbons, a ensuite lancé une campagne de Terreur blanche contre les ennemis réels et imaginaires de la restauration royaliste (officiellement dirigée contre ceux qui avaient comploté et soutenu le retour de Napoléon au pouvoir). Même le Premier ministre Talleyrand désapprouvait de telles pratiques.

France de Napoléon

En renforçant l’appareil d’État, Napoléon créa l’ordre d’élite de la Légion d’honneur (La Légion d’honneur – un substitut aux anciennes décorations royalistes et aux ordres de chevalerie, pour encourager les réalisations civiles et militaires), signa le Concordat, et rétablit les impôts indirects, un acte considéré comme une trahison de la Révolution. Il centralise le pouvoir à Paris, toutes les provinces étant gouvernées par des préfets tout-puissants qu’il choisit. Ils étaient plus puissants que les intendants royaux de l’Ancien Régime et ont eu pour effet à long terme de minimiser les différences régionales et de transférer toutes les décisions à Paris. Le système fiscal français s’était effondré dans les années 1780, l’un des principaux facteurs ayant conduit à la Révolution. Napoléon institue un système fiscal moderne et efficace qui garantit un flux régulier de recettes et rend possible un financement à long terme. Il a également réformé l’armée, notamment le système de conscription créé dans les années 1790, qui permettait à chaque jeune homme, quel que soit son milieu économique ou social, de servir dans l’armée. En conséquence, l’armée se développe rapidement. Avant la Révolution, l’aristocratie formait le corps des officiers. Désormais, la promotion se faisait par le mérite et la réussite – on supposait que tout simple soldat pouvait atteindre les rangs de l’officier.

D’une importance permanente, le Code Napoléon créé par d’éminents juristes sous la supervision de Napoléon. Loué pour sa clarté gauloise, il se répandit rapidement en Europe et dans le monde, marquant la fin du féodalisme là où il entra en vigueur. Le code reconnaît les principes de la liberté civile, de l’égalité devant la loi et du caractère séculier de l’État. Il abolit l’ancien droit de primogéniture (où seul le fils aîné héritait) et exige que les héritages soient divisés également entre tous les enfants. Le système judiciaire a été normalisé et tous les juges ont été nommés par le gouvernement national à Paris

Napoléon a également résolu la plupart des problèmes en suspens résultant de l’histoire complexe des tensions et des conflits religieux en France. Il fit passer le clergé et un grand nombre de catholiques fervents de l’hostilité au gouvernement à son soutien après le rétablissement du système catholique par le Concordat de 1801 (signé avec le pape Pie VII) qui permit à l’Église de retrouver un fonctionnement normal. Les terres de l’Église ne sont pas restituées, mais les Jésuites sont autorisés à revenir et les luttes acharnées entre le gouvernement et l’Église prennent fin. Les protestants, les juifs et les athées étaient tolérés.

Attributions

  • Le gouvernement de Napoléon
    • « Concordat ». https://en.wikipedia.org/wiki/Concordat. Wikipedia CC BY-SA 3.0.
    • « Napoléon. » https://en.wikipedia.org/wiki/Napoleon. Wikipédia CC BY-SA 3.0.
    • « Charles Maurice de Talleyrand-Périgord. » https://en.wikipedia.org/wiki/Charles_Maurice_de_Talleyrand-P%C3%A9rigord. Wikipedia CC BY-SA 3.0.
    • « Code Napoléon. » https://en.wikipedia.org/wiki/Napoleonic_Code. Wikipédia CC BY-SA 3.0.
    • « Consulat de France. » https://en.wikipedia.org/wiki/French_Consulate. Wikipédia CC BY-SA 3.0.
    • « Joseph Fouché. » https://en.wikipedia.org/wiki/Joseph_Fouch%C3%A9. Wikipédia CC BY-SA 3.0.
    • « Histoire de France. » https://en.wikipedia.org/wiki/History_of_France. Wikipédia CC BY-SA 3.0.
    • « Légion d’honneur. » https://en.wikipedia.org/wiki/Legion_of_Honour. Wikipédia CC BY-SA 3.0.
    • « Joseph_Fouché.png. » https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Joseph_Fouch%C3%A9.png. Wikimedia Commons Domaine public.
    • « 800px-Talleyrand_01.jpg. » https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Talleyrand_01.jpg. Wikimedia Commons Domaine public.

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