Background

Le rôle de l’acide urique dans l’homéostasie corporelle laisse les chercheurs perplexes. D’une part, il s’agit d’un puissant antioxydant. D’autre part, des niveaux élevés ont été constamment associés à une augmentation des événements vasculaires, y compris les accidents vasculaires cérébraux. Il n’est donc pas certain que les interventions visant à réduire l’acide urique soient bénéfiques pour la prévention des accidents vasculaires. Schretlen et al (Neurology 2007;69:1418) explorent ici l’association entre les niveaux d’acide urique sérique et les changements cérébraux chez les adultes en utilisant l’imagerie par résonance magnétique (IRM).

Méthodes

Les adultes de 65 ans et plus vivant en communauté et ne présentant pas de niveaux élevés d’acide urique sérique (définis à < 9,2 mg/dL) ont subi une IRM cérébrale, évaluée pour les lésions cérébrales hyperintenses de la substance blanche (WMH). L’association entre l’acide urique sérique transversal et les lésions WMH a été examinée.

Résultats

Il y avait 177 sujets inscrits (52% de femmes) avec un âge moyen d’environ 60 ans. L’indice de masse corporelle (IMC) moyen était d’environ 27 ± 5 kg/m2. Environ un tiers des sujets étaient hypertendus et environ 13 % étaient diabétiques. Parmi les caractéristiques des sujets, le taux d’acide urique sérique était significativement associé à l’augmentation de l’âge, à l’augmentation de l’IMC, au sexe masculin et à la présence d’une hypertension, mais n’était pas significativement associé à la présence d’un diabète, au tabagisme ou à des antécédents d’abus d’alcool.
Dans les modèles univariés, les sujets ayant un taux d’acide urique sérique normal élevé (5,75 – 9,2 mg/dL pour les hommes, 4,8 – 9,2 mg/dL pour les femmes) avaient une probabilité 2,6 fois plus élevée de lésions d’HMM totales par rapport à ceux ayant un taux d’acide urique plus faible (IC 95 % 1,25 – 5,40), avec une probabilité égale d’implication sous-corticale et périventriculaire. Dans les modèles multivariés ajustés en fonction de l’âge, du sexe, de la race, de l’éducation, de l’hypertension et du diabète, la probabilité de lésions HMM totales chez les sujets ayant des taux d’acide urique normaux élevés était encore plus élevée que chez ceux ayant des taux d’acide urique plus faibles (OR 2,78 (IC 95 % 1,10 – 7,01)). Des analyses stratifiées ont révélé que l’association était similaire chez les hommes et les femmes, qu’elle était la plus forte chez les sujets âgés (60 ans et plus) et qu’elle se maintenait même lorsque les sujets présentant des comorbidités concurrentes (c’est-à-dire des problèmes de santé graves, une démence et des troubles cognitifs) étaient exclus.

Conclusions

Des taux sériques normaux élevés d’acide urique sont associés à des modifications ischémiques de la substance blanche cérébrale.

Commentaire éditorial

Même si les patients ayant des taux d’acide urique dans la fourchette dans laquelle un diagnostic de goutte serait attendu n’ont pas été inclus dans cette étude, ces résultats sont susceptibles d’être accentués chez les patients goutteux. Les patients goutteux présentent un certain nombre de comorbidités associées qui les rendent plus sensibles à l’ischémie cérébrale microvasculaire (c’est-à-dire athérosclérose, hypertension, etc.), mais ces données suggèrent que l’effet net de l’acide urique sérique lui-même peut entraîner des changements pathogènes dans le cerveau, même si l’acide urique est connu pour ses propriétés antioxydantes. Les efforts visant à réduire les taux d’acide urique sérique, même chez ceux qui présentent des taux normaux élevés, peuvent contribuer à préserver la fonction cognitive à mesure que les patients vieillissent.