L’insuffisance rénale aiguë (IRA) est définie comme une diminution brutale de la fonction rénale mise en évidence par une augmentation récente (dans les 48 heures) de la concentration de créatinine sérique égale ou supérieure à 26,5 µmol/L (0,3 mg/dL). L’insuffisance rénale aiguë peut être une complication de nombreuses affections qui justifient l’admission à l’hôpital. Elle est donc fréquente ; jusqu’à 20 % des patients hospitalisés souffrent d’insuffisance rénale aiguë. Trois niveaux de gravité de l’IRA – du stade 1 (léger) au stade 3 (grave) – sont définis par l’ampleur de l’augmentation de la créatinine sérique. Des preuves supplémentaires que les patients qui survivent à l’IRA ont un risque accru d’IRC sont fournies par les résultats récemment publiés d’une étude pilote de cohorte prospective menée par des chercheurs du Royal Derby Hospital au Royaume-Uni.
Pour cette étude, les investigateurs ont utilisé les dossiers de laboratoire de l’hôpital pour identifier 150 patients qui ont souffert d’IRA pendant leur hospitalisation (le groupe exposé) et 150 patients qui n’ont pas souffert d’IRA pendant leur hospitalisation (le groupe non exposé).
Le groupe non exposé a été composé en appariant chaque patient exposé à un patient d’âge similaire et de fonction rénale de base similaire (taux de filtrat glomérulaire estimé eGFR) à l’admission aux urgences. Les deux groupes exposés et non exposés comportaient donc la même proportion de patients ayant une fonction rénale normale (∼67 %), ou une IRC préexistante de gravité similaire.
Les 300 participants à l’étude ont été recrutés 3 mois après l’admission à l’hôpital et invités à une évaluation de suivi de la fonction rénale à 3 mois, 1 an et 3 ans.
Sur les 150 participants à l’étude du groupe exposé, 105 (70 %) présentaient une IRA légère de stade 1, 24 (16 %) une IRA de stade 2 et 21 (14 %) une IRA de stade 3. La fonction rénale (DFGe) était significativement plus faible dans le groupe exposé que dans le groupe non exposé aux trois points de suivi. À 3 ans, le DFGe moyen du groupe exposé était de 60,7 ± 21 mL/min/1,73 m2, contre 68,4 ± 21 mL/min/1,73m2 dans le groupe non exposé.
La progression de l’IRC, définie comme une baisse du DFGe ≥25 % en association avec une baisse du stade de l’IRC, était plus importante dans le groupe exposé à l’AKI que dans le groupe non exposé. A 3 ans, une progression était survenue chez 30 (24,6 %) du groupe AKI, mais seulement 10 (7,5 %) du groupe non exposé. Cette étude vient s’ajouter aux preuves qui s’accumulent et qui montrent qu’il existe des conséquences potentielles néfastes à long terme pour la fonction rénale des patients qui ont survécu à un épisode d’IRA, même si cette IRA était légère (stade 1). Ils ont un risque plus élevé que la normale de développer une IRC, et un risque plus élevé que la normale d’une progression plus rapide de l’IRC s’ils avaient déjà une IRC au moment de l’épisode d’AKI.