Le message des Nations unies est que tous les acteurs sont favorables à la tenue d’une conférence sur la discussion de la question chypriote, indiquant que, entre autres, l' »acquis » du processus doit être respecté.
En même temps, il indique qu’il existe une « vision commune ».
Ces conditions, de la manière dont elles sont posées, peuvent être lues et gérées plusieurs fois – c’est-à-dire ne pas empêcher Ankara de participer, même si elle précise qu’elle a un autre agenda.
On note que les Nations unies placent la convocation de la conférence de Chypre dans la deuxième quinzaine de janvier 2021.
Que disent les Turcs ?
Le régime d’Erdoğan n’exclut pas la discussion de toute question ou idée, y compris celles demandées par les Nations unies, mais aussi Nicosie. En même temps, la partie turque demande ses propres idées – et elle les a déjà obtenues.
Dans une conférence, où tous les points de vue sur Chypre, qui sont diamétralement opposés, seront mis en avant, l’impasse sera inévitable… Et c’est ce qu’Ankara cherchera.
Le scénario des deux états
Selon le plan turc, l’impasse de la Conférence à cinq sera aussi une impasse sur une solution pour Chypre, qui ont été négociées par les personnes impliquées pendant des années.
En bref, les Turcs feront valoir que « le temps presse, ces questions ont été discutées pendant des décennies, il n’y a aucune perspective de convergence de vues et nous passons à d’autres. »
La tactique qui est actuellement promue publiquement par la Turquie est de mettre sur la table le scénario d’une solution à deux États pour Chypre, qui n’est pas, permettez-moi de le dire en passant, la poursuite finale de la puissance occupante.
En substance, elle cherche une confédération qui lui donnera le contrôle de tout le pays.
L’autre scénario est comme après une nouvelle impasse, de consolider en imposant de nouveaux accomplissements. Dans le même temps, la Turquie a dans ses plans de nouvelles actions coercitives unilatérales menées à la fois sur terre et en mer, tout en maintenant la question de Famagouste.
Des sources ont déclaré que les prochains plans d’Ankara sont prêts et seront mis en œuvre indépendamment de la décision du Conseil européen des 10 et 11 décembre concernant les sanctions contre la Turquie.
Les mêmes sources ont noté que si des sanctions sont imposées, elles seront considérées comme une réponse à la décision de l’UE. Dans le cas contraire, Ankara n’aura rien à craindre, car elle n’a aucune sanction pour ses actions.
L’exemple du Kosovo
Dans le même temps, le principal acteur en arrière-plan est la Grande-Bretagne qui a déjà fait ses propres exercices sur le papier pour les prochaines étapes.
Mais surtout, ils ont approfondi les limites qui peuvent être déplacées en termes de modèle de solution afin de ne pas affecter la présence de leurs bases militaires sur l’île.
Il est clair, d’après les discussions internes qui ont lieu, que les points de vue qui sont déposés sont qu’une solution à deux États ne les sert pas. Ils sont servis, cependant, par un modèle avec des éléments fédéraux clairs, que l’on peut appeler une fédération.
Ce sera un modèle entre une fédération lâche et une confédération.
La Nicosie ne semble pas avoir de plan autre que celui de participer à une discussion informelle afin de ne pas être chargée de responsabilités.
En outre, Chypre estime qu’avec cette démarche, les actions expansionnistes d’Ankara seront « gelées ».
Le régime d’occupation ne peut pas être reconnu internationalement, sauf si cela est fait par la République de Chypre. Mais cela ne peut évidemment pas se produire, à moins qu’il y ait une tendance au suicide.
Pourquoi ne peut-il pas être reconnu ?
Il est noté à cet égard que la République de Chypre était intervenue dans l’appel du Kosovo à la Cour internationale de justice de La Haye (2010) pour souligner le fait que ce sont des cas différents.
En application du paragraphe 81 de l’avis sur le Kosovo, il est noté que les formations illégales résultant de l’usage de la force (invasion, occupation, guerre) ne peuvent être identifiées. Cette référence désigne aussi nommément la République de Chypre, la Rhodésie et la Republika Srpska (République serbe de Bosnie).
L’Allemagne est un obstacle
Athènes et Nicosie évalueront les données jusqu’à la dernière minute en vue du Conseil européen qui se réunira les 10 et 11 décembre.
L’Allemagne reste un obstacle majeur pour tenter d’imposer des sanctions à la Turquie, qui n’a pas su profiter de l’offre faite par Berlin en octobre de donner du « temps à la diplomatie » pour deux mois supplémentaires.
Ankara n’a non seulement pas utilisé ce temps pour la diplomatie mais a également pris d’autres mesures unilatérales, comme l’ouverture de la zone fermée de Famagouste occupée.
La gestion depuis Athènes et Nicosie sera faite par le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis et le président chypriote Nicos Anastasiades. Ils devront se heurter à Berlin et ils ont peur de la réaction d’Ankara.
Une décision qui pourrait être prise au Conseil européen sera un nouvel « avertissement sévère » à la Turquie et que (de nouveau) le Haut représentant pour les affaires étrangères et la politique de sécurité Josep Borrell préparera une liste de sanctions.
C’est-à-dire que les illégalités turques seront récompensées !
Les opinions de l’auteur ne reflètent pas nécessairement celles du Greek City Times.
Costas Venizelos est un journaliste, rédacteur en chef du journal Phileleftheros à Chypre. Il est l’auteur de livres sur la question chypriote et possède un doctorat en communication. Il est un contributeur régulier de SLPress.
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