Résumé et introduction
Abstrait
Objet : Les avantages et les problèmes potentiels associés aux systèmes de saisie informatisée des commandes des prescripteurs (CPOE) ont été étudiés.
Méthodes. Une base de données nationale de signalement volontaire des erreurs de médication, Medmarx, a été utilisée pour comparer les établissements qui disposaient d’un CPOE à ceux qui n’en disposaient pas. Les caractéristiques des erreurs de médication qui auraient été causées par le CPOE ont été explorées, et les descriptions textuelles de ces erreurs ont été analysées qualitativement.
Résultats : Les établissements avec CPOE ont déclaré moins d’erreurs de médication pour les patients hospitalisés et plus d’erreurs de médication pour les patients externes que les établissements sans CPOE, mais la signification statistique de ces différences n’a pas pu être déterminée. Les établissements équipés d’un CPOE ont moins souvent déclaré des erreurs de médication qui ont atteint les patients (p < 0,01) ou qui leur ont nui (p < 0,01). Plus de 7000 erreurs de médication liées au CPOE ont été déclarées sur une période de sept mois en 2003, et environ 0,1% d’entre elles ont entraîné un préjudice ou des événements indésirables. Les erreurs CPOE les plus courantes étaient des erreurs de dosage (c’est-à-dire une mauvaise dose, une mauvaise forme posologique ou une dose supplémentaire). Les analyses quantitatives et qualitatives indiquent que le CPOE pourrait entraîner des erreurs de médication non seulement en raison d’une interface informatique défectueuse, d’une mauvaise communication avec d’autres systèmes et d’un manque d’aide à la décision adéquate, mais aussi en raison d’erreurs humaines courantes telles que le manque de connaissances, les distractions, l’inexpérience et les erreurs de frappe.
Conclusion : Une base de données nationale et volontaire de signalement des erreurs de médication ne peut pas être utilisée pour déterminer l’efficacité d’un système CPOE dans la réduction des erreurs de médication en raison de la variabilité du nombre de rapports provenant de différentes institutions. Cependant, elle peut fournir des informations précieuses sur les types spécifiques d’erreurs liées aux systèmes CPOE.
Introduction
Le processus d’utilisation des médicaments est un continuum d’activités impliquant de multiples professionnels de la santé et de multiples étapes (c’est-à-dire la prescription, la transcription, la délivrance, l’administration et la surveillance), créant ainsi de multiples opportunités d’erreur. Les erreurs sont particulièrement susceptibles de se produire à l’étape de la prescription pour de nombreuses raisons, telles que la connaissance insuffisante des médicaments par le prescripteur, le non-respect des politiques et des procédures, les trous de mémoire, les confusions liées à la nomenclature, les erreurs de calcul et d’expression des unités, les contrôles d’identité du patient défectueux, l’écriture illisible, les formulaires de commande défectueux et les informations inadéquates ou incorrectes sur le patient.
La saisie informatisée des commandes du prescripteur (CPOE) implique l’utilisation par le prescripteur d’une assistance informatique pour saisir directement les commandes médicales (par exemple, de laboratoire, de radiologie ou de médicaments) à partir d’un ordinateur de bureau ou d’un appareil mobile tel qu’un assistant de données personnelles. Les systèmes CPOE offrent un accès en temps réel aux dossiers des patients et proposent souvent une aide à la décision clinique. De par leur conception, les systèmes CPOE éliminent l’écriture manuscrite illisible, évitent les erreurs de transcription, améliorent le temps de réponse, la précision et l’exhaustivité, et améliorent la coordination et la continuité des soins. En outre, les systèmes d’aide à la décision aident les prescripteurs à éviter les erreurs en les alertant sur les doses inadéquates, les allergies, les contre-indications, la duplication des médicaments, les interactions médicamenteuses et d’autres risques potentiels. Certains systèmes CPOE sont liés au dossier d’administration des médicaments, ce qui contribue à réduire les erreurs d’administration.
Les preuves empiriques concernant le potentiel des systèmes CPOE pour réduire les erreurs de médication ont été limitées. Les pharmaciens d’un centre médical universitaire de 700 lits à Chicago ont examiné une semaine de commandes d’erreurs de médication et ont déterminé que, sur les 1111 erreurs, 64,4% auraient pu être évitées par un système CPOE. Une étude comparant les erreurs de médication six mois avant et neuf mois après la mise en œuvre d’un système CPOE dans un grand hôpital de soins tertiaires a suggéré que le CPOE a entraîné une diminution de 55 % des erreurs de médication. Avec l’ajout de fonctions d’aide à la décision au système CPOE, les erreurs de médication ont été réduites de 81 %. Néanmoins, les systèmes CPOE introduisent de nouvelles erreurs. Une étude récente a observé l’utilisation du CPOE dans un hôpital universitaire de soins tertiaires par les médecins et les autres membres du personnel et a identifié 22 types de risques d’erreurs médicamenteuses associés au système.
L’objectif principal de cette étude était d’évaluer les avantages et les problèmes potentiels associés au CPOE en utilisant un système volontaire de déclaration des erreurs de médication, Medmarx, parrainé par la United States Pharmacopeia (USP). Au cours des cinq dernières années, des efforts considérables ont été déployés au niveau national pour mettre en place des systèmes de signalement volontaire des erreurs médicales, mais la manière dont ces systèmes contribuent à l’amélioration de la sécurité fait débat. Cette étude a également tenté d’explorer la valeur potentielle et l’utilisation appropriée de la déclaration volontaire des erreurs dans la recherche sur la sécurité des patients.
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